Les textes importants

Synthèse du Rapport Bréard
STOP A L’OUBLI
Plusieurs personnes nous en ayant fait la demande, nous avons décidé de porter à la connaissance de nos concitoyens, une synthèse du Rapport Bréard, telle qu’elle est présentée dans le livre de Gilles Souillès :

 AFFAIRE ALEGRE : LA VERITE ASSASSINEE paru aux éditions HUGO doc.

 

RAPPORT  BREARD

Le Rapport Bréard est un document adressé le 06.01.2005, avant qu’il ne soit muté à Bordeaux, par le Procureur de la République, Michel Bréard, du Parquet de Toulouse, au Procureur Général Michel Barrau.

         Ce document numéroté 8PG05 et ses annexes (93 pièces) dans lequel sont consignés divers P.V. d’audition met en cause les agissements et les relations d’un magistrat, Marc Bourragué, qui à l’époque des faits était Substitut financier du Procureur de la République, à Toulouse .

         Voici la synthèse des observations contenues dans ce rapport et qui permettent d’établir des liens avec nos dossiers .

1 – Affaire Galbardi

         (Line Galbardi est une jeune prostituée, assassinée le 03.01.1992 parce que, selon le témoignage d’anciennes prostituées, elle aurait :

          –        dénoncé le racket de certains policiers

         –        dénoncé les coupables de l’assassinat d’une autre prostituée)

Des procès verbaux font état de la présence d’un magistrat sur les lieux du crime – l’Hôtel de l’Europe – avant même l’arrivée de la police (P.V. du 03.11.1992). Plusieurs auditions de policiers et d’un commissaire (P.V. du 02.12.2004 et du 12.02.2004) témoignent de la présence de Marc Bourragué, qui avait démenti le 23.07.2003  avoir été sur place, tout en convenant qu’il n’était pas de permanence. Ce démenti est d’autant plus troublant que des pièces réalisées lors de l’enquête ont disparu du dossier.

2 – Relations avec Patrice Alègre

         Après avoir dit qu’il ne le connaissait pas, Marc Bourragué a dû reconnaître qu’il l’avait bien rencontré une fois lors d’un apéritif à son domicile.

         Mais en fait, il ne l’a pas rencontré qu’une seule fois.

         Différents P.V. attestent que plusieurs témoins, à des moments différents, les ont vus ensemble :

                     au relais de Fonbeauzard, anciennement « Le Mariel »

                            a) sur P.V. du 10.08.2004 , M. P., propriétaire du relais de Fonbeauzard, dit avoir vu à la même table Alègre, Bivi et Bourragué et notamment lors d’une fête du Beaujolais Nouveau.

                            b) sur P.V. du 19 août , D.M. client du « Mariel », se souvient «  avoir vu Bourragué, au comptoir, avec  Patrice » et ajoute : « ce sont des gens qui donnaient l’impression de bien se connaître ».

         –         à son domicile (P.V. du 04.11.2004) Ryad Kouka,  ancien restaurateur      affirme avoir surpris des visites d’Alègre au domicile de Bourragué .

3 – Rapports avec Florence Khelifi ( « Fanny »)

         Ancienne prostituée, elle affirme connaître Marc Bourragué.

         Ses enfants étaient placés au sein de l’Association Sauvegarde 31, dont

         Marc Bourragué a été un membre fondateur.

         Elle a travaillé comme serveuse, Rue de la Colombette, au restaurant de       Kouka, « Le Venise ». Une fiche de la Sûreté Urbaine en fait foi. Kouka      affirme avoir vu « Fanny » en compagnie de Marc Bourragué

         (P.V. du 04.10.2004 et du 28.05.2004).

4 – Avantages privés dont aurait profité Marc Bourragué

         Monsieur Bréard s’étonne que les dénonciations réitérées de l’administration fiscale concernant Marc Bourragué aient pu être ignorées de sa hiérarchie et notamment qu’un dossier pénal le mettant en cause ait été instruit par ….. Marc Bourragué lui-même.

         Différentes affaires montrent que Marc Bourragué  aurait profité d’avantages privés de la part de différentes entreprises :

         a) avantages financiers de la part de la Sotrame dont le Directeur était Mr C. (un administrateur de « Sauvegarde 31 » !).

         –  il est question de travaux domestiques frauduleux effectués au domicile    de ce magistrat, de contrôles fiscaux et du silence du Procureur de la       République de l’époque, Mr Fréchède.

         – Mr C. a d’abord nié puis reconnu les travaux effectués en 1992.

         – La Direction Régionale des Impôts dénonce au Parquet de Toulouse un abus de bien social de Mr C. , lequel aurait encaissé sur son      compte personnel le montant des travaux effectués chez Marc Bourragué  (véranda et dalle). Le 20.12.1992, le Parquet demande l’ouverture d’une enquête par « soit transmis » à la P.J. sous la plume de Marc Bourragué . Le policier chargé de l’enquête ne fait jamais référence nommément à          Marc Bourragué, mais parle d’un client de la Sotrame.

         Résultat : Le dossier est finalement classé « sans suite ».

         

          b) travaux réalisés par la Cofitec chez Marc Bourragué

Sur P.V. du 24.11.2004, la secrétaire de la Société confirme que le   directeur, Mr P. a demandé de ne pas facturer les 3 semaines de main- d’œuvre et que la Cofitec ,en redressement judiciaire depuis 1992 a pu profiter d’un prolongement d’activité.

         c) Les anciens présidents du Tribunal de Commerce ont pointé un certain nombre de procédures dans lesquelles la position de Marc     Bourragué  , en tant que Substitut chargé des Affaires financières pose problème : la SARL Sofabat, Le Cristal (où P. Alègre aurait êté employé comme portier), la SARL Scaravetti, la SARL Les Compagnons (dont le siège est au Restaurant le Belvédère)….

         Ils confirment que Marc Bourragué  avait table ouverte dans ce restaurant, propriété d’A. F..

         Or les sociétés d’A. F. qui étaient en redressement judiciaire ont        fait l’objet d’une ordonnance de dépaysement au Tribunal de    Montauban, où Marc Bourragué  est Vice-Procureur depuis 2002.

Le Rapport Bréard révèle aussi les marchandages autour de la discothèque « le Saint Georges » et la licence IV de cet établissement, apportée par Mr T, un ami de Marc Bourragué , membre lui aussi de Sauvegarde 31 .

Dans une autre affaire encore, une extension de redressement judiciaire est refusée à la    SCI Muraille, par jugement du 02 juin 1997,  à la demande de Marc Bourragué . Or Marc Bourragué  avait des intérêts dans la SCI Muraille.

Ce Rapport fait état aussi de liens « amicaux » entre  Marc Bourragué et un O.P.J.,qui aurait bénéficié d’une expertise foncière minorée liée à son divorce .

 

 Pour mémoire, le 23 octobre 2003, dans les colonnes du journal Le Monde, l’ancien Président de la Cour d’Appel de Toulouse, Jean Wolf, déclarait :

« Il n’est pas exclu qu’il puisse y avoir des policiers ripoux, ou un substitut ripoux ».

Malgré les demandes réitérées de notre Association, ce Rapport n’a jamais été rendu public, ni versé aux dossiers  qui nous concernent.

                                      POURQUOI ?

 

Jeudi 29 Septembre 2011 Article n°: 441

 

LES MEURTRES et DISPARITIONS NON ELUCIDES A TOULOUSE
STOP A L’OUBLI

         

            Entre 1986 et 1997, il y a eu, selon le Bureau de l’ordre pénal du Tribunal de Grande Instance de Toulouse, sur un territoire ne recouvrant même pas toute la Haute-Garonne, 195 cas de morts ou disparitions inexpliquées.

          Suite à l’arrestation de Patrice Alègre en 1997, une cellule d’enquête sur ces crimes non élucidés est mise en place: La Cellule Homicide 31.Elle permettra de conduire  P.Alègre devant les Assises de la Haute-Garonne,où il sera condamné,en Février 2002,à la réclusion criminelle à perpétuité.

.         D’autres dossiers d’affaires non élucidées sont alors réouverts  et le Parquet les juge  tellement accablants pour Patrice Alègre qu’il requiert son renvoi aux Assises. Il le fait à partir d’expertises et de témoignages concordants.

            Or, en juillet 2008 , Patrice Alègre a obtenu quatre ordonnances de non-lieu pour des dossiers dans lesquels il était suspecté. Et cela:

– sans que des faits nouveaux soient apparus,

– sans que de nouvelles investigations aient été menées pour confirmer ou contredire les éléments à charge.

            Voici un résumé de ces quatre ordonnances, telles que rendues par les Juges:

I – Homicide volontaire de Josette L. , prostituée assassinée le 5-12-87 à Toulouse

1- L’expert chargé de comparer l’incendie allumé dans cette affaire avec ceux allumés lors des assassinats de deux jeunes femmes pour lesquels Patrice Alègre a été reconnu coupable a conclu au « rapprochement des quatre mises à feu avec unicité d’auteur »

2- Deux prostituées ont formellement reconnu en Alègre l’homme avec qui elles ont refusé de « monter » le soir du crime à cause de son comportement. ( Alègre a toujours reconnu avoir utilisé régulièrement des produits stupéfiants et il était particulièrement violent dans ce cas.)

3- Il a été déterminé qu’Alègre pouvait avoir été en possession d’une moto identique à celle qui avait été décrite par un témoin et conduite par l’homme ayant importuné les prostituées.

4- Neuf jours après le meurtre, une médaille portant le prénom de Marie (comme celui de la copropriétaire du studio de J. L.) a été vendue à un bijoutier. Patrice Alègre avait vendu à ce même bijoutier certains bijoux de Laure Martinet, une de ses victimes avérées, dix jours après son assassinat.

5- Patrice Alègre a écrit à son conseil de l’époque en évoquant une prostituée, une  médaille et une moto, mais celui-ci est parti à la retraite…..P.Alègre admet aussi avoir possédé une moto Honda.

6- Plusieurs des compagnes de Patrice Alègre et les traces de ses crimes prouvent que celui-ci pouvait   se montrer violent lors de ses rapports sexuels.

7- Lors d’un débat contradictoire en 99, P. Alègre a acquiescé à la demande du juge sur la réalité des éléments et précisé que les faits étaient antérieurs à l’un de ses crimes avérés.

II-  Homicide volontaire de Josette P. masseuse érotique  assassinée le 21-10-92 à Toulouse

1- Mêmes conclusions que pour le crime précédent de l’expert en incendies

2- Une prospectrice de France Loisirs qui venait de rendre visite à Josette P. a formellement reconnu en Patrice Alègre l’homme qu’elle a vu un moment après, descendre son escalier en courant. (Selon l’enquête le meurtre a été perpétré très rapidement.)

3- Dans le carnet de rendez-vous de J. P ; le prénom  « Patrick » figurait à 13 reprises  y compris la veille du crime. Selon la victime ce client était jeune et aimait la montagne tout comme Patrice Alègre.

4- Sur les lieux figurait une bouteille (objet à utilisation sexuelle ?) comme dans le dossier d’un crime dont Patrice Alègre a été reconnu coupable.

5- Le meurtre a été commis au couteau, objet dont Patrice Alègre ne se séparait jamais.

6- Josette P ;, nouvelle à Toulouse aurait-elle, en cette période de Sida, cassé les prix ?  Ses tarifs ont en tout cas intéressé quelqu’un qui lui a téléphoné en se faisant passer pour les services fiscaux.

(le meurtre aurait-il été commandité parce qu’elle cassait les prix ?)

III- Arrestation,  détention, séquestration illégales,  homicide volontaire de Patricia Gélis ; entre le 05-10-92 et le 07-12-92 à Toulouse

1- Deux commerçants  voisins ont reconnu en Patrice Alègre l’homme qui conduisait la voiture dont ils ont vu sortir plusieurs fois Patricia Gélis;

2- Un autre témoin, propriétaire d’un bar situé face au magasin dans lequel travaillait la jeune femme a reconnu Patrice Alègre comme étant le client qui venait de temps à autres s’asseoir dans le bar, toujours à la même place face à ce magasin.

             Son corps a été retrouvé dans la Garonne,où P.Alègre allait pêcher et non loin du lieu où ont été retrouvés les corps d’autres victimes(P.Alègre ayant été condamné pour le meurtre de l’une d’elles)

IV- Viol avec arme sur la personne de Françoise D.

Entendue dans le cadre de l’instruction relative au meurtre de Line Galbardi, la vue de la photographie de Patrice Alègre  dans un album qui lui était présenté a suscité chez elle une violente réaction physique et elle a dit que celui-ci l’avait agressée et violée sous la menace d’un couteau en 92 mais elle n’avait pas déposé de plainte car elle craignait de ne pas être crue. (Patrice Alègre ne se séparait jamais de son couteau). Françoise D. a maintenu ses affirmations.

D’autres non-lieux  ont été rendus récemment pour :

            – Hélène Loubradou. ; Disparue le 16-08-89 de la clinique Aufréry (Balma 31) en laissant ses effets personnels. Grâce aux efforts de la famille, une enquête préliminaire est ouverte, menée par la Section de Recherche de Toulouse. Son père leur fournit des éléments comportant notamment un journal intime sur lequel Hélène avait noté une rencontre avec «  Pat », au cours de sa promenade autour du lac de Flourens. (Patrice Alègre était fréquemment appelé ainsi par ses relations et avait coutume d’aller pécher dans ce lac.)

Des amis d’Hélène  présentent une photo au serveur du bar situé au bord du lac qui reconnaît la jeune femme et dit l’avoir vue avec un jeune homme dont la description correspond à Patrice Alègre à l’époque des faits. Le dernier entretien entre eux aurait été orageux. Ce renseignement ne sera pas exploité.   En septembre 2000, G.Loubradou ,reçu à sa demande par M. Roussel de la Cellule Homicide 31 s’aperçoit que celui-ci ignore de nombreux détails concernant l’enquête et constate que certaines pièces  et témoignages ne figurent plus dans le dossier.

Un  gendarme de  la Cellule interroge le chauffeur de la navette effectuant le trajet entre Balma et la clinique .Ce dernier reconnaît en Alègre un visiteur habituel des lieux. Ce gendarme établit un procès-verbal d’audition mais, quelques jours plus tard, est dessaisi de ce dossier et doit réintégrer  sa brigade d’origine.

            Sur demande de la partie civile le chauffeur de la navette sera réentendu, un an après, par la nouvelle cellule Homicide 31, créée après le départ à la retraite du gendarme Michel Roussel, qui estimait ne plus pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Chose étonnante : il ne se souvient plus très bien d’Hélène ! La comparaison entre les deux PV oblige à se poser bien des questions.

            Alègre n’a jamais été entendu sur cette affaire et sur sa présence à la clinique.

            – Line Galbardi :

            Ce dossier est rouvert à la suite d’un témoignage de Patrice Alègre lui-même qui, après avoir écrit au juge en avouant le meurtre d’une prostituée, indique l’hôtel de l’Europe (dans le quartier de la prostitution). Les recherches amènent à faire le lien avec le meurtre d’une prostituée qui a eu lieu dans cet hôtel dans la nuit du 2 au 3 janvier 1992. 

Les enquêteurs vont retrouver difficilement  puis interroger d’anciennes prostituées ,en particulier  Françoise D., «Patricia» et  «Fanny » qui sont à présent sorties de ce milieu.

Interrogées séparément, Fanny et Patricia donnent les mêmes témoignages : Line a été exécutée avec une grande violence par Lakhdar Messaoudène, son souteneur et P. Alègre qui lui fournissait de la drogue et servait d’ « essayeur » pour les nouvelles prostituées. Line serait morte parce que, après avoir assisté au décès d’une autre prostituée dans le cadre d’un « essayage »  qui aurait mal tourné, elle  se serait rendue au commissariat pour raconter ce meurtre.

Patricia s’est aussi rendue au commissariat. Les traces de son audition existent mais sont très maigres. Un comparse d’Alègre lui ayant, suite à cette démarche, donné rendez-vous dans un hôtel  où elle devait se présenter sous un faux nom, elle a choisi de s’enfuir de Toulouse et d’abandonner la prostitution.

Jusque là P. Alègre apparaissait comme un psychopathe ayant agi seul.  Les enquêteurs vont à présent s’orienter vers le « monde de la nuit » et  le quartier de la prostitution.

Il ressort des  nouvelles recherches que l’enquête initiale s’était faite «à minima » et de nombreuses carences sont révélées :

-le médecin légiste avait conclu à une mort par asphyxie,alors qu’une contre- autopsie révèle des coups sur la boîte cranienne, correspondant à ceux décrits par Patricia et Fanny.

– Très peu de personnes ont été interrogées  (ni les autres clients, ni les prostituées qui connaissaient Line afin de savoir qui étaient son souteneur  et son fournisseur de drogue, ni Lakhdar Messaoudène pourtant connu de toutes les prostituées de la rue).

– Le gardien de l’hôtel a été simplement interrogé alors que le magistrat instructeur avait demandé  sa garde à vue.(Il aurait participé au nettoyage de la chambre et disait même ignorer qu’il s’agissait d’un hôtel de passe !) Mis en examen en février 2003, est-ce un hasard si le non-lieu pour P. Alègre  est prononcé juste à la suite du décès de ce gardien ?

C’est dans le cadre de cette enquête que seront mis en cause des policiers et des personnalités et notamment Marc Bourragué , présent sur les lieux du crime(cf le Rapport  de M.Bréard,Procureur de la République à Toulouse,à cette époque ).  

Patrice Alègre qui avait avoué le crime le30 mai 2003 au juge Lemoine puis, en des termes quasiment identiques, dans sa lettre du 1er juin à Karl Zéro se rétracte le 19 juin et change d’avocats. A partir de ce moment il ne parlera plus.

La dernière confrontation,organisée  le 23 Janvier 2008,au cours de laquelle les scellés renfermant la literie saisie à l’époque ont été ouverts soulève de nouvelles zones d’ombre :

Outre que la scène du crime a été modifiée, on découvre que les draps housses ne correspondent pas à ceux utilisés dans l’hôtel,comme viennent le confirmer l’ancien propriétaire et la femme de ménage. Ces derniers rappellent également qu’une forte somme d’argent liquide(au moins 50.000 Francs) se trouvait dans un sac de supermarché sur une table,parfaitement visible .

Qui a fourni les draps housses ? Où est passée cette somme d’argent ?

            – Claude Martinez : Autre crime dont P. Alègre s’était accusé avant de se rétracter.

Retrouvé égorgé le 28-02-1992 dans son studio du quartier Arnaud Bernard, « Claudia » est un travesti spécialisé dans les rendez-vous sadomasochistes. Il avait essentiellement une clientèle d’habitués bourgeois mais, selon un autre travesti, participait aussi à des « soirées ». Un enquêteur avait noté qu’il faisait parfois chanter ses clients mariés. Et surtout il filmait ces soirées, ce qui a amené les gendarmes à formuler l’hypothèse que cette activité de chantage a pu constituer le mobile du crime.

C’est l’ancienne prostituée, Fanny, qui a mis les enquêteurs sur cette piste en expliquant qu’elle avait surpris une discussion entre P. Alègre et deux « commanditaires » inquiets de l’existence de « cassettes vidéo compromettantes » que Claude Martinez aurait pu dévoiler. Ces cassettes n’ont jamais été retrouvées mais   un procès-verbal rédigé par les policiers le 2 mars 92 mentionne la saisie – sous la côte n° 8- d’un  agenda de Claude Martinez dans lequel étaient notés des numéros de téléphone. En décembre 2000, les gendarmes qui ont repris l’enquête ont constaté qu’une partie des scellés concernant l’homicide avait  été détruite le 27 mars 98 et notamment les cassettes audio, les prélèvements effectués sur la scène du crime et surtout le fameux agenda remis par la sœur de Claude.

En outre il ne fait plus partie de la liste des scellés portés « détruits ». Son existence n’a plus jamais été mentionnée dans la procédure et il n’a jamais été exploité.

Selon sa sœur, le crime aurait eu lieu quelques jours après une menace de chantage mettant en cause un gros entrepreneur toulousain.

            Patrice Alègre a nié avoir fréquenté des travestis. Or, en février 2002, deux travestis prostitués ont témoigné devant la Cour d’Assises de la Haute-Garonne que Patrice Alègre avait des relations avec eux. L’un des deux, Jacques Delacroix, aujourd’hui décédé, avait expliqué qu’Alègre avait été son client à de nombreuses reprises depuis 1985, soit à l’âge de 17 ans.

Autres dossiers refermés dans lesquels on trouve cependant un lien avec Patrice Alègre :

Patrick Buffin : 28 ans, est retrouvé mort chez lui le 3 janvier 1986,une balle dans la tête,laissant derrière lui une femme et un enfant de trois ans. Le rapport d’autopsie montre que le corps a été déplacé après la mort. La scène de crime a été modifiée et l’on relève des traces de sang piétiné et des empreintes sur plusieurs verres. Quand le corps a été découvert la porte d’entrée était ouverte avec les clés dans la serrure côté rue .L’enquête conclue au suicide après une autopsie du médecin légiste,le docteur BRAS. La carte bancaire a été dérobée et a été utilisée pendant une longue période après les faits. Une plainte a même été déposée alors pour signaler l’utilisation frauduleuse de cette carte. L’avocate de la partie civile obtient du Parquet la saisine d’un juge d’instruction ;or ce dernier,contre toute attente, a rejeté cette réouverture d’enquête.  Pourquoi un tel refus ? Pourquoi rien n’a été mis en œuvre pour retrouver la ou les personnes qui ont utilisé la carte bancaire de Patrick ?

Qui veut-on protéger ?

-Jean-Jacques Allemane : 20 ans, disparu depuis le 6 Avril 1986, est retrouvé mort le 20 Avril 1986,dans le canal du midi à Toulouse,le corps entravé de plusieurs liens,relié par un câble à un plot de béton. Son visage porte la trace de coups. Dans les jours qui ont précédé la découverte du corps,un témoin a indiqué à la famille que Jean-Jacques aurait été pris à partie à la sortie d’un bar,battu et entraîné dans un terrain vague. Pourtant, les docteurs BRAS et ALENGRIN , médecins légistes,concluent à un suicide ! Refusant cette thèse,les parents de Jean-Jacques se constituent partie civile et portent plainte contre X,mais ne disposant pas de ressources suffisantes,ils ne peuvent verser dans les délais les 8000 francs nécessaires au déclanchement de l’action publique. Leur demande est jugée irrecevable ! Malgré les faits troublants qui entourent la mort de Jean-.Jacques, aucune enquête de police n’est menée, aucun des éléments apportés par la famille n’est pris en compte. Sa maman veut savoir la vérité.

Pourquoi le Parquet refuse-t-il d’ouvrir une instruction judiciaire, d’autant que ce jeune homme travaillait dans le quartier de la prostitution toulousaine, particulièrement mortifère dans  les années 80- 90 ?

– Martine Escadeillas : cette secrétaire de 20 ans disparait de son domicile, à Ramonville, le 08-12-86 en laissant des traces de sang dans l’escalier. Elle fréquentait le Santa Fe, un bar où allait Patrice Alègre à la même époque.

-Suzanne Mortessagne assassinée le 06-06-87, son corps est retrouvé dissimulé sous un tas de bûches  au bord de la Garonne, non loin de Fenouillet, endroit où seront retrouvées les affaires de Laure Martinet, victime avérée d’Alègre, et les dépouilles de Patricia Gélis et de Valérie Réorda .Une hémorragie cérébro-méningée due à un traumatisme crânien est la cause du décès. Ce dossier a été classé sans suite en 1989 et repris en 2002 par la cellule Hom.31,au vue des similitudes avec les autres meurtres. Mais la famille se heurte toujours au refus du Parquet de rouvrir ce dossier. Une nouvelle autopsie pourrait apporter des éclaircissements grâce aux nouveaux outils scientifiques ( analyses A.D.N.).

A-t-on peur du résultat ?’

Rémy Salazar, 18 ans, prend le train le 8 Août 1989 en compagnie d’une relation pour se rendre à Anglet,sur la Côte Basque,pour des vacances en camping. Sa mère le dépose à la gare Matabiau . Elle n’aura plus aucune nouvelle de son fils. Avant le 26 Août, date prévue du retour de Rémy, elle signale sa disparition à la gendarmerie,qui refuse à plusieurs reprises de prendre en compte sa demande. Ce n’est qu’au mois de Novembre qu’une procédure de recherche dans l’intérêt des familles (RIF) est enfin déclenchée.

Le parquet a refusé d’ouvrir une enquête pour disparition inquiétante 18 mois après la demande par la mère, motif donné « départ volontaire ».

En finalité une enquête a été ouverte en 2002 lors du décès du père, 13 ans après mais des actes ont été refusés l’ordonnance de non lieu a été rendue en mars 2008 et le dossier classé sans suite.

Elle demande des investigations supplémentaires et ne comprend pas l’attitude de la gendarmerie, alors que son fils,au moment de sa disparition, travaillait pour une société de démarchage dans le quartier de la prostitution .

Marie Lombrassa disparue de son domicile à Castres le 01-05-90 et retrouvée morte dans la forêt de Dourgne. Malgré des traces de fractures à la mâchoire consécutives à des coups une première enquête conclut à une mort naturelle, ce qui sera contredit par une expertise  ultérieure. P.Alègre allait pécher dans le secteur  et avait dit aux gendarmes : « Allez voir dans la forêt de Dourgne ».De nouvelles investigations s’imposent.

Valérie Réorda : Disparue le 07-07-90, le lendemain  de la fête de Saint Jory, elle est retrouvée morte onze jours plus tard, son corps sous des branchages, non loin de l’endroit où a été retrouvée Suzanne Mortessagne. P. Alègre fréquentait Saint Jory où habitaient sa compagne et son ami G. Bivi,  où il avait son coiffeur et péchait régulièrement.  Des témoins ont vu Alègre aux autos-tamponneuses avec la victime.Mais le père de Valérie est soupçonné lui aussi du meurtre de sa fille.

Edith  Schleichardt : elle a été retrouvée morte le 23-10-90 près de Cintegabelle ; les médecins légistes concluent à un suicide par intoxication médicamenteuse sans être allés sur place. Le magistrat, Marc Bourragué, sera obligé de reconnaître sa présence sur les lieux(qu’il avait tout d’abord niée) car une photo l’atteste .

Une nouvelle expertise en 2004, suite à la réouverture du dossier révèle  « six dents cassées et un éclat d’émail dans sa gorge »  évoquant une mort violente avec intervention d’une tierce personne. Après une perquisition à l’Institut médico-légal le dossier est retrouvé au domicile du docteur Alengrin qui disait ignorer où il se trouvait. Bien que le juge ait fait part de ce fait au Parquet aucune poursuite ne sera engagée et ce médecin  est toujours expert auprès de la Cour d’Appel de Toulouse.

– Corrine Lazzari : Disparue le 02-03-92 entre Toulouse et Saint-Gaudens. Sa voiture est retrouvée fermée avec ses papiers d’identité. Des voisins, à qui elle avait demandé de l’aide et de l’essence l’ont vue monter dans une voiture. P. Alègre faisait fréquemment le trajet .Cette disparition n’a jamais été élucidée.

Jean-Tony Kokou,Gilles Laclotte, Serge et Jean-Claude Marco : le 29 mars1992 ils sont retrouvés morts dans leur studio incendié près du quartier Arnaud Bernard à Toulouse .Conclusion des médecins : mort accidentelle par asphyxie .   

Aucune autopsie n’est pratiquée, contrairement à ce qui est assuré aux familles..En septembre 2004, à la faveur de l’Affaire Alègre,les corps de deux d’entre eux sont exhumés,(les deux autres ayant été incinérés). Les expertises révèlent alors des «  lésions ante mortem traumatiques troublantes sur la boîte crânienne que l’incendie ne peut expliquer et , notamment l’enfoncement d’un os dans le conduit auditif » .Il n’y a aucune trace d’oxyde de carbone dans les poumons comme cela aurait dû se produire en cas de mort par asphyxie . Ces constatations  laissent supposer des coups reçus   avant le décès et l’incendie.

Quelques jours auparavant, deux d’entre auraient été entendus dans le cadre d’une  enquête ouverte sur le meurtre  de Claude Martinez. Celui-ci connaissait au moins deux des victimes.

Patrice Alègre a souvent cherché à effacer les traces de ses crimes par un incendie.

– Hélène Rodes :   Retrouvée noyée le 19-07-95 dans le lac de Cazères. La gendarmerie avait conclu à un suicide sans autopsie et malgré les invraisemblances. Le meurtre sera reconnu après une contre-expertise. En janvier 98, P. Alègre qui a travaillé à la base nautique de ce lac a déclaré lors d’une audition qu’il avait « entre 92 et 95 balancé une femme dans le lac de Cazères après l’avoir  violée et étranglée ».

Pourquoi ne reprend-on pas l’enquête ?

 

          Dans toutes ces affaires un «  NON LIEU »  ou un « classement sans suite » a été prononcé.

                             – Alors qui a commis tous ces crimes ?

– Patrice Alègre qui a tué deux fois en l’espace de 11 mois (Valérie Tariotte le 22-02-89 et Laure Martinet le 25-01-90) puis 4 fois en moins de 8 mois (Martine Matias  le 27-01-97, Valérie Espes –viol et tentative de meurtre- le 21-02-97, Mireille Normand le 20-06-97, Isabelle Chicherie le 03-09-97)  aurait-il cessé toute activité répréhensible entre ces deux périodes ?

            Un des médecins chargés d’expertiser P Alègre avait d’ailleurs estimé que celui-ci n’avait pu s’arrêter de tuer.

Pour Michel Roussel, enquêteur de la première Cellule Homicide 31,  «  on est passé d’une affaire criminelle à une affaire d’État. Tant qu’il s’agissait de rechercher des suspects de droit commun pour élucider des crimes, les enquêtes pouvaient aller au bout. Dès qu’on a commencé à mêler la politique au crime, la justice s’est mis un bandeau sur les yeux… À Toulouse, on ferme les dossiers d’instruction à tour de bras, on saucissonne les dossiers pour occulter des similitudes éventuelles entre eux, la justice ne manifeste pas le même désir (qu’à Grenoble) d’apporter des réponses aux familles des victimes

      Le Président de Stop à l’Oubli déclare : « Je m’étonne que l’on nous refuse la réouverture de certains dossiers, alors que les progrès des techniques d’analyse scientifique permettraient de faire avancer la vérité».

     Il dénonce : «Tant que Patrice Alègre a été considéré comme un tueur psychopathe, on a applaudi des deux mains mais lorsqu’on s’est aperçu que derrière ce profil il y avait un tueur à gages et qu’il y avait donc un ou des commanditaires, ça a été le verrouillage complet. Pourquoi tout est-il fait pour qu’Alègre n’apparaisse plus dans aucun dossier ?»

     Ces quatre non-lieux ne témoigneraient-ils pas d’une volonté politique en haut lieu de ne pas faire éclater la vérité, d’étouffer cette affaire ?

Mercredi 20 Mai 2009 Article n°: 442

 

AFFAIRE ALEGRE –
Stop à l’Oubli

AFFAIRE ALEGRE

    SI ON SE DISAIT TOUT  …  QUESTIONS DE DEMOCRATIE

Alors qu’on rouvre partout des affaires anciennes sur la base de méthodes nouvelles de recoupement et d’exploitation des indices et des témoignages (cf. affaire Grégory), la  justice conclut actuellement à Toulouse un des derniers actes de l’affaire Alègre qu’elle classe  consciencieusement sans suite.

Après quelques ouvrages et téléfilms de commande

Après plusieurs émissions de télévision aux invités « choisis »

Après des reclassements professionnels étonnants

Après des politiques à la recherche d’immunité

Ils sont arrivés à cacher  la vérité et à sauver leur tête

         en faisant condamner quelques femmes de manière honteuse

         en humiliant des familles de victimes qui ne sauront peut-être jamais

         en tirant un trait sur des dizaines de meurtres non élucidés, sur des meurtres systématiquement classés en suicides, sur des disparitions, des viols, des actes de barbarie (191 meurtres ou disparitions non élucidés dans la région toulousaine durant les années 1980-1990)

Et pour tout cela, aucun coupable !

Il est temps d’affirmer que l’affaire Alègre n’est autre que la partie visible de l’iceberg de la corruption de la vie locale.

Des trafics très lucratifs (drogue, prostitution, armes, chiens, meubles …) ont eu lieu à Toulouse

Dans ce cadre, des crimes ont été commis dans les années 80 – 90

Des élus politiques et autres notables d’horizons très divers y étaient impliqués et notamment :

    Des magistrats

              Des médecins légistes

    Des gradés de la gendarmerie

    Des responsables de la police

    Des avocats véreux

    Des hommes d’affaire.

Nous l’affirmons  parce que nous avons des éléments pour le faire.

Les réseaux et les pratiques mafieuses qui existent sur la région continuent de maintenir une omerta étrangement bien partagée derrière un discours humaniste de façade bien rodé.

C’est l’origine du déploiement d’énergie opiniâtre qu’on a vu à l’œuvre pour :

         faire dysfonctionner la justice

         faire taire les témoins

         travestir la vérité

          Ce ne sont pas quelques dérapages médiatiques orchestrés ou quelques contre-vérités arrachées à des femmes menacées qui doivent masquer ces trafics  et ces crimes.

La Démocratie, pour fonctionner correctement, ne peut continuer de couvrir des réseaux occultes, affairistes et criminels, qu’ils soient locaux, qu’ils aient des liens avec la Côte d’Azur ou qu’ils soient mis en cause dans d’autres scandales ayant marqué les années 80.

Certains doivent décidément avoir une conscience bien sélective… nous voulons parler de ceux qui savent, de  ceux qui ont participé à des «  soirées » bien réelles, bien loin du libertinage, de ceux qui sont partis avant la fin pour ne pas voir, pour ne pas savoir….

N’est-ce pas, Monsieur…. ?

N’est-ce pas, Madame…. ?

Comme à d’autres moments de l’histoire (et sans amalgame) la vérité est banale. Parce qu’elle est aussi impensable et qu’elle heurte l’esprit, elle permet la véritable manipulation, celle-là même que les gens de pouvoir n’ont pas hésité à utiliser pour orienter l’opinion publique. La justice n’avait plus qu’à faire fonctionner quelques réseaux « souterrains » mais portant des noms bien précis… pour mettre en forme les jugements que l’opinion publique  avait été préparée à entendre.

Voilà la réalité telle qu’elle a été mise en œuvre, même si elle broyait des vies, même si elle  officialisait des pratiques de voyous.

Non, cette affaire n’a rien à voir avec des dysfonctionnements institutionnels comme cela  a pu être le cas à Outreau ou ailleurs.

Des élections ont eu lieu en faisant l’impasse sur la prise en compte de cette réalité qui est connue de nombre de personnalités, d’élus, de journalistes, etc…

Ceux qui croient tourner la page sans regarder la réalité en face prennent une responsabilité énorme et ne peuvent prétendre construire l’avenir. Qui peut croire que demain peut se bâtir sur de telles impasses et avec autant de dénégations ?

Au-delà de la souffrance que certains ont choisi de nous faire endurer, il reste les questions citoyennes et celles- là dépassent le cadre d’une génération condamnée à porter le deuil de la vérité.

Il fallait que ce soit dit.

Et dans 10, 20 ou 30 ans il ne pourra être dit :

 «  Nous ne savions pas »

Il faudra assumer :

« Nous n’avons pas voulu savoir »

« Nous avons assassiné la vérité »

Parce que nous croyons à la vie et que nous voulons vivre debout, il faudra bien répondre clairement aux questions que nous posions en 2003 et qui restent lancinantes.

         Quels sont les coupables de ces crimes ?

         Que s’est-il passé à Toulouse depuis les années 80 ?

         Quel système a autorisé et masqué de telles pratiques ?

         Quel pacte a laissé silencieusement se développer une telle perversion ?

Ce constat, aussi déplorable soit-il, n’entame en rien notre détermination à faire éclater la vérité et régner la Justice.

                                    Pour les victimes et leurs familles,

Pour les 8000 signataires de notre pétition,

Pour les 500 adhérents de STOP A L’ OUBLI

Le Bureau de l’ Association

Mercredi 10 Décembre 2008 Article n°: 422